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 1 – Le rite comme pensée structurante de l’espace

  La lecture que fait Lévi-Strauss du rite associe trois aspects : les «paroles proférées», les «gestes accomplis» et les «objets manipulés». Nous allons élargir cette lecture par une attention au lieu, imprégnée de la parole, du geste et de l’objet. L’architecture en tant que langage tisse le lien entre le signe matériel et l’objet de la pensée. Quelle sémiotique est à l’oeuvre dans les projets contemporains ? A quels imaginaires collectifs, universels font-ils appel ? Comment s’exerce le lien entre ces signes et nos gestes ? Selon Jean Cuisenier, le rite serait un élément régulateur essentiel, vecteur de l’ordre de notre relation à l’univers et aux autres. L’architecte lui-même, au travers du projet et de son processus, exprime une vision personnelle de cet ordre. Comment les concepteurs ritualisent-ils leur chemin de pensée sans le dire ? Quelle influence sur l’architecture ? Comment organisent-ils aussi un ordre, reflet de ce qui les a construit et les influence ?

2 – Lieux de la mort : Nouveaux paysages urbains

Rudolph Otto identifie des moyens architecturaux qui permettent d’atteindre le sacré. Parmi lesquels les proportions monumentales, l’obscurité, le silence et le vide. En quoi les questions des proportions, lumière, matière et texture sont-elles abordées différemment aujourd’hui ? Comment l’architecture devient-elle silence ? Le travail du parcours est-il aussi prédominant dans les cimetières contemporains ? Comment les notions de seuil, de temps, d’enceinte, de limite s’expriment-elles dans les projets funéraires ? Quelle image du rapport à la mort mettent en scène les architectes contemporains ? Entre paysage et architecture, quels modèles les projets contemporains interrogent-ils ? A l’heure où la densité démographique, nous amène à porter une attention particulière à la préservation du territoire, quels sont les nouveaux enjeux de l’espace funéraire ? Comment la démographie des morts influence-telle la conception de ces espaces ? Quel rapport à la ville se met en place dans les mégalopoles ? Quelles sont les nouvelles formes de dialogue avec le contexte qui se créé en situation de densité ? Quelles sont les nouvelles attentes rituelles d’une société en mutation ? Existe-t-il de nouvelles spatialités ?

3 – Mort et sacralité dans la société

L’Abbé Morel observe que « si tout en principe est sacralisable, rien ne serait plus sacré, quand tout serait sacralisé et le choix de ce que l’on sacralise dans une civilisation est par lui-même fort significatif de son ou de ses ordres de valeur ». Quelle est la place de la mort dans notre société ? Quel impact sur la pensée des espaces funéraires ? Y a-t-il des lieux plus sacrés que d’autres dans les espaces funéraires ? La sacralité peut-elle s’exprimer au coeur de la ville dense ? Comment l’architecture affirme-t-elle cette distinction entre sacré et profane ? L’espace de la mort s’associant à la notion d’absence, comment les projets se font-ils support du souvenir ? Quel rôle particulier joue l’architecture dans cet accompagnement du deuil et de la mémoire ?

4 – La mort et l’espace numérique

Les nouvelles technologies et l’espace numérique ouvrent à de nombreux questionnements concernant notre rapport à la mort. Si certains projets s’appuient sur leur intégration pour développer une vision innovante, la pandémie a révélé un potentiel encore mal exploité d’expériences distancielles. Dans quelle condition le rituel funéraire, qui offre un accompagnement vers l’absence définitive de l’être proche, peut-il être virtualisé ? Quels sont les enjeux du numérique dans ce moment particulier ? A quelle temporalité nouvelle fait référence ce temps du deuil ? Comment exprime-t-il la notion de traces ? Quel impact sur l’espace physique ? Comment le lieu d’inhumation peut-il recueillir tout ou partie de l’histoire numérique d’un individu ou d’une communauté ? Ce lieu peut-il organiser, proposer la diffusion mémorielle et participer au recueillement ? La tombe peut-elle proposer une autre forme de matérialisation ? L’espace numérique peut-il être complètement décontextualisé ?

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